Depuis quelques années, Madagascar fait l’objet d’une très forte couverture médiatique sur le plan religieux et politique. Le faible nombre ou la négligence des études sur l’islam dans ce pays constitue un attrait aussi fort que soudain à la grande île. En effet, l’islam est arrivé bien avant le christianisme, alors qu’il était encore inconnu pour la majorité de la population malgache.  Or, depuis le coup d’État de 2009, la grande île est entrée dans une crise socio-politique très profonde. Dans ce contexte, l’islam commence à progresser et les musulmans profitent pour s’installer partout, notamment les étrangers. La pauvreté qui touche la majorité des Malgaches a fait de leur pays, un champ fertile pour les imams et les prédicateurs.La dynamique de réislamisation à Madagascar est en cours depuis le début des années 1990, prend aujourd’hui une ampleur sérieuse. Toutefois, le fait de voir les musulmans radicaux en tunique longue et avec de longue barbe, leurs femmes voilées avec leur burqa, suscita des interrogations, des curiosités et des rumeurs diverses au sein de la population en 2014. Qui sont ces gens ? Pourquoi ne s’adaptent-ils pas aux cultures du pays ? C’était en quelque sorte les questions que se posaient les gens.Notre préoccupation c’est de savoir comment cette religion progresse-t-elle si vite ?

L’islam à Madagascar a commencé à s’implanter d’abord dans les côtes, avant de progresser petit à petit dans les hauts plateaux. On constate qu’il ne cesse d’évoluer depuis son implantation dans les hauts plateaux qui remonte au début de ce siècle, sous l’influence des musulmans du Nord-Ouest. Son essor dans la capitale est donc relativement récent et se traduit principalement par la construction de nouvelles mosquées et université. L’islam est là, et de fait, l’épidémie de voiles se multiplie, la population subie des pressions dans les quartiers pour l’arrêt de la vente d’alcool et de viande de porc, en remplacement de la viande halal dans les grandes surfaces ainsi que des séances de prière dans les rues. Ce contexte nous amène à nous demander les raisons pour lesquelles les Malgaches continuent de se convertir à l’islam ? On constate en effet que, depuis une dizaine d’années, la grande île malgache est une proie rêvée pour les islamistes pour trois raisons : la pauvreté extrême de sa population, la faiblesse chronique de son État et sa position stratégique entre l’Afrique et le sous-continent indien. De ce fait, depuis le 17 mars 2009, Madagascar a été le théâtre des bouleversements socio-politiques qui l’ont conduit dans une crise sociale, politique et sécuritaire qui dure encore aujourd’hui. Les différentes crises auxquelles ce pays a eu à faire face, ont révélé la faillite de l’État. En effet, quelques problèmes restent non résolus depuis presque 10 ans à savoir:

Insécurité: La vindicte populaire a commencé depuis l’année 2012 et le phénomène est allé grandissant jusqu’en 2017.  Nous pouvons dire que c’est l’accroissement de la pauvreté profonde en plus de la corruption qui cause dans le pays le cas de vols de tout genre, kidnapping, meurtre etc. Pendant que le gouvernement combat l’insécurité qui règne partout, les musulmans profitent pour entrer clandestinement sur les côtes de la grande île.

Tourisme irrégulier: le tourisme est une des activités économiques les plus importantes et l’une des premières sources de devises du pays.  En effet, Madagascar accueille tout le monde sans discrimination de nationalité ou de religion. Cependant, il y a un manque de contrôle dans cette ouverture envers les étrangers qui entrent. Autrement dit, on ne regarde plus ce qui est bon ou mauvais. En conséquence, des djihadistes dans certaines régions particulièrement dans la partie Est du pays entrent facilement pour islamiser le peuple.

Éducation et école: D’après le constat de certains sociologues, l’école est l’un des moyens très efficaces que l’islam utilise pour attirer les gens. Voilà pourquoi, ce n’est pas pour rien que le ministre de l’éducation, Paul RABARY, a décidé de fermer seize écoles coraniques le 21 Avril 2017. D’après le ministre, ces écoles ne respectent pas les institutions républicaines. En effet, elles imposent 5 heures de cours de coran par semaine au lieu d’une heure seulement. Par ailleurs, l’envoi d’étudiants à l’étranger pousse les jeunes à se convertir facilement à l’islam. D’un autre point de vue, nous constatons qu’il y a une certaine obligation indirecte derrière le secours de l’islam. En effet, pour que les parents des élèves et même les habitants bénéficient des dons, ils doivent adopter les pratiques musulmanes en commençant par l’habillement. Aussi, les responsables des mosquées leur distribuent-ils des vêtements et des foulards. Mais, avant tout cela, il y a d’abord la séance de prières et d’enseignements. Bref, Madagascar est devenu parmi les pays le plus pauvre du monde à cause de l’instabilité socio-politique qui paralyse le pays depuis plus de neuf ans. Les indicateurs des partenaires techniques et financiers du pays montrent que, 90 % de la population malgache vit dans l’extrême pauvreté sans électricité, sans eau potable. Face à ce problème, les musulmans, avec l’aide qui vient de l’extérieur, pratiquent les règles du coran, y compris la ZAKÂT comme appât pour le peuple affamé. Le troisième pilier c’est la ZAKAT (aumône), la charité envers les nécessiteux. À travers le (S. 9, 60), les musulmans connaissent le point faible de ce pays et ils en profitent pour faire des bonnes œuvres et attirer les gens à se convertir.

L’influence des musulmans étrangers est aussi un facteur qui favorise la progression de l’islam. En effet, l’ouverture de l’espace aérien malgache facilite la circulation des imams en compagnie des réfugiés Syriens et d’autres pays qui fuient la guerre. De ce fait, ils font du porte-à-porte dans les quartiers pauvres pour rechercher de nouvelles recrues à convertir. À ce propos, les musulmans font tout pour créer des écoles coraniques. De plus, ils prennent en charge jusqu’à l’hébergement et la restauration ceux qui les fréquentent. Les prêcheurs islamistes se servent alors de la pauvreté du peuple pour gagner des croyants.Ils ne reculent devant rien pour arriver à leurs fins. En outre, toutes les grandes communautés musulmanes envoient des étudiants se spécialiser, mais seulement vers les pays musulmans tel que l’Égypte, la Tunisie, le Maroc, l’Arabie Saoudite, le Yémen, l’Iran, et l’Irak. Beaucoup de jeunes jouissent annuellement des bourses d’études vers ces pays étrangers. Des milliers de jeunes malgaches, particulièrement les plus pauvres, bénéficient de ce soutien. Par ailleurs, au regard de la misère, le peuple vivant dans l’extrême pauvreté n’a pas de choix devant les cadeaux et la nourriture que les musulmans font aux nécessiteux (ZAKAT).Mais encore, ils exploitent les points faibles de la pastorale du christianisme par leur zèle, et ils profitent de l’ignorance des chrétiens en matière de doctrine. Certes, on constate que le problème interne du christianisme joue en faveur à l’islam. En effet, si les fidèles abandonnent les églises, c’est à cause du comportement de certains pasteurs dans la pastorale et la « superficialité » de la foi de leurs fidèles. Face à ces problèmes, les musulmans lancent silencieusement leur appât : partage de nourriture, habits, argent, offre d’emploi à bon salaire dans l’unique condition que la personne se convertisse à l’islam.

Dans le domaine politique, l’Église fut critiquée du fait que certains évêques, surtout des pasteurs des églises protestantes, sympathisaient avec les dirigeants politiques avant et après le coup d’État de 2009. Tout cela a défiguré l’Église et ouvert la porte à l’islam. Or, la mission qui a été confiée à l’Église par le Christ n’est pas politique, économique et sociale mais religieuse quand bien même elle ne peut pas ignorer ces questions. L’islam est en voie de progression à cause des différents financements et aide des pays islamique à l’instar de l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Maroc et autres. Par ailleurs, le nombre de députés musulmans à l’Assemblée nationale malgache a beaucoup d’influence dans la marche du pays. Enfin, nous voulons proposer un dialogue interreligieux pour entretenir la cohabitation entre les chrétiens et les musulmans. En réalité, ce dialogue se base essentiellement sur l’amour qui est un don de Dieu, lui-même qui est Amour. Et pour arriver à préserver en permanence ce dialogue, il s’avère nécessaire de dénoncer les préjugés et les opinions que le monde a du christianisme et de l’islam. La réponse à deux questions nous paraît importante pour faire face aux obstacles que rencontre le dialogue islamo-chrétien.

• Au sujet de l’information, vu qu’elle est déterminante, quelle est notre part de responsabilité dans nos communautés religieuses respectives ?

• Et sur l’éducation de mentalité, quel effort devons-nous fournir pour qu’advienne réellement le dialogue et la bonne cohabitation islamo-chrétien ?

Diacre Bruno Randriamampiaina OMI