Le dimanche 25 Juillet 2021, en présence du Supérieur de la Délégation OMI à Madagascar, le Père Marek Ochlak a célébré la Messe d’adieu pour les chrétiens de district Befasy. Beaucoup de chrétiens sont venus pour cette célébration et ont apportés des présents pour Père Marek. Seulement la moitié des chrétiens pouvaient entrer à l’église. Après la Messe, il y avait le repas ensemble avec tous les chrétiens. Père Marek a apporté beaucoup de développement et donnait tout son cœur pour la Mission Befasy pendant cinq ans.
Durant la première année de son travail, il n’avait pas de foyer, ni de l’eau ni de toilette. Il a commencé par la rénovation de l’Eglise et a construis en même temps la maison pour les Prêtres. Après quelques mois, il a commencé aussi la construction de forage avec un grand château d’eau qui marche avec une pompe solaire. Puis il a construit les bâtiments de l’école primaire.
Durant la deuxième année, il a construit le dispensaire « Wanda Błeńska ». et pendant la troisième année de son travail, il a construit les bâtiments pour l’école secondaire avec quelques églises en brousse. Ce ne sont que des exemples mais nous n’arriverons pas à citer ici tout. Les Chrétiens étaient contents de ce développement rapide de la Mission, mais ils étaient aussi si tristes que Père Marek quittait la mission. Nous remercions Dieu tout puissant pour sa présence à Madagascar.
Père Ratovosaona Andry Aurélien - Missionnaire en brousse, Le Responsable des Écoles - Befasy
L'entretien avec père Marek Ochlak a été mené par père Henryk Marciniak - le 7 août 2021 - quelque heure avant le départ pour l'aéroport.
P.Henryk :
Bonjour Père Marc. Il reste quelques heures avant votre départ - j'aimerais vous poser quelques questions. Tout d'abord, racontez votre histoire sur les missions à Madagascar.
P. Marek :
Je suis arrivé à Madagascar le 8 août 1995. Ensuite, j'ai étudié la langue malgache pendant un an. Après Pâques 1996, j'ai reçu ma première obédience pour la mission Marolambo - la mission la plus au Sud du diocèse de Toamasiana. J'ai travaillé dans cette mission pendant 6 ans.
Puis je suis venu à Toamasina - la capitale de notre diocèse. Il y a eu diverses propositions de notre Administration, mais finalement je suis devenu Aumônier des Gens de la Mer (Apostolat de la Mer), une poste que j’ai occupée pendant 5 ans.
Après cinq ans, mon supérieur m'a demandé de reprendre notre plus grande paroisse, qui est desservie par les Oblats - "Notre-Dame de Lourdes" - également à Toamasina. J'ai été curé pendant trois ans.
Après trois ans, mes confrères m'ont élu Supérieur de notre Délégation à Madagascar. J'ai occupé ce poste pendant deux mandats, soit 6 ans. Ensuite, je suis parti en année sabbatique.
De retour de Pologne, j'ai reçu une obédience pour établir une nouvelle mission oblate sur la côte ouest, au sud de la ville de Morondava. Mais d'abord, j'étais quatre mois à Morondava même, car les Pères Saletins n'étaient pas encore prêts à remettre cette mission aux Oblats.
Le 27 novembre 2016, nous avons pris la mission à Befasy et j’y ai travaillé à la création de cette nouvelle mission oblate jusqu'au 25 juillet 2021.
P.Henryk :
On peut dire que pendant votre ministère à Madagascar, vous avez occupé presque tous les apostolats que faisaient les Oblats. Vous avez d'abord été missionnaire en pleine brousse, puis vous avez travaillé avec les gens de la mer, puis vous avez été curé d'une grande paroisse urbaine, vous étiez élu supérieur de la Délégation et finalement ce n'était pas un problème pour vous de retourner en pleine brousse. Dites-nous lequel de ces ministères restera dans votre cœur, et lesquels ont posé beaucoup de problèmes pour vous, même si vous les avez bien gérer ?
P.Marek :
Chaque mission, service reste dans ma mémoire. Certes, la première mission à Marolambo a été mon premier amour et il était difficile de quitter cette mission - comme plus tard pour chaque poste où j'ai servi.
Après Marolambo, j'ai pensé continuer à travailler dans la brousse, mais on m'a confié un apostolat parmi les Gens de la Mer. C'était un service spécifique, car il n'y a pas que du travail pastoral, mais il y a du travail social et bien d'autres activités, comme visiter les navires ancrés dans le port, inviter les marins dans notre centre, s'occuper des familles des marins, etc. L'apostolat de la Mer m'est également resté profondément gravé.
Puis le curé de la paroisse Notre-Dame de Lourdes - je pensais y rester 10 ans - alors je me suis pleinement impliqué, en commençant par les rénovations, mais au bout de trois ans il était temps de partir. Ce travail en paroisse a été une grande expérience pour moi en travaillant avec des personnes impliquées dans la vie de la paroisse - et j’étais devenus très proches de ces personnes, même si je n'y suis resté que trois ans.
Ensuite, il y avait une fonction difficile - Supérieur de la Délégation. C'était un tel défi pour moi parce que c'était un service à mes confrères et à toute la Congrégation. Ce n'était certainement pas facile, beaucoup de difficultés, de problèmes, mais aussi beaucoup de joie, grâce auxquelles nous avons pu développer davantage notre Délégation. Avec les conseillers et le trésorier de la Délégation, nous avons appris à être « Leadership » - à apprendre à gérer un grand groupe de personnes.
Et Befasy. Je pense que Befasy restera le plus longtemps dans ma mémoire, car j'ai toujours rêvé de quelque chose de pionnier. Toutes nos missions précédentes étaient une continuation du travail commencé par nos pionniers - Montfortains ou Oblats. Befasy, malgré le fait qu'il ait été exploité par des Salletins pendant 50 ans, on peut dire que c'était un travail partant de zéro. C'est pourquoi cette mission a tombée au plus profond de mon cœur, car presque tout est passé entre mes mains. Il y avait cette "LIBERTÉ" - dans le bon sens du terme - que vous pouviez planifier puis poursuivre vos rêves missionnaires, mais pour le bien de ceux avec qui j'ai travaillé dans cette mission.
P.Henryk :
Vous avez décidé de quitter Madagascar parce que la Province polonaise a demandé votre aide. Comment avez-vous accepté ce nouvel appel et comment voyez-vous cette future collaboration avec notre Délégation ?
P.Marek :
Cette étape de départ de Madagascar a commencé il y a deux ans. Le directeur de la Procure de Mission en Pologne m’a appelé pour assumer cette nouvelle fonction. Tout d'abord, j'ai été surpris - c'était une proposition difficile pour moi, alors j'ai demandé au Provincial de me donner un certain temps, car j'avais des projets pour Befasy, j'avais des obligations envers les bienfaiteurs, des donateurs. Il y avait beaucoup de travail prévu pour la mission et qui n’était pas encore terminé. Le Provincial a accepté, mais j'ai aussi dit que s'il trouvait quelqu'un d’autre pour cette poste entre-temps, je pourrais rester à Madagascar.
Avant Noël 2020, j'ai demandé au Provincial de me répondre s'il avait déjà quelqu'un d'autre pour cette poste, car je dois aussi me préparer à ce changement. La réponse fut que par décision du Conseil provincial et de la Procure de Mission, il maintenait ma candidature et que je devais quitter Madagascar d'ici mai 2021. Et puis je n'ai plus insisté, j'ai suivi le vœu d'obéissance. Quoi qu'il en soit, à chaque fois que je quittais différentes postes, j'obéissais toujours, car c'est la voix de Dieu et un vœu d'obéissance que j'ai fait pour toujours, donc ça n'a jamais été une grande démission ou un gros problème pour moi.
Puis la pandémie a éclatée et c'était un peu gênant. Finalement, j'ai eu un billet pour l'Europe. Le 25 juillet, c'était l'adieu à Befasy.
Je quitte Madagascar, mais je n'abandonne pas nos missions. C'est pourquoi Madagascar et les autres missions où travaillent les Oblats polonais seront toujours une priorité pour moi. Et Madagascar, tout comme le fondateur de la Procure de Mission - le Père Walenty Zapłata, avait l'habitude de dire que le Cameroun était dans son cœur - je peux dire que Madagascar sera toujours dans mon cœur, car 26 ans de service à Madagascar ne peuvent pas être effacés de mon curriculum vitae. Aussi, tant que notre santé et nos forces le permettront, nous servirons Madagascar et d'autres missions soutenues par les Oblats polonais pendant longtemps.
P.Henryk :
Dans deux heures nous vous conduirons à l'aéroport pour que vous quittiez Madagascar. Quel message voulez-vous laisser à ceux qui restent et travaillent dans la Délégation à Madagascar, qui deviendra bientôt une Province indépendante ?
P.Marek :
C'est une question difficile, et je pense que chaque Oblat qui est membre de notre Délégation devrait y répondre. Certes, la Maison Générale veut que notre Délégation devienne une Province, mais il y a beaucoup de questions, notamment la question de l'autosuffisance financière. Donc, peut-être sur certains principes, sous certains accords ou arrangements avec notre Province en Pologne, pour que quelqu'un ne dise pas: vous êtes devenu une Province, alors maintenant vous devez prendre soin de vous-même. Tout dépend aussi de la coopération - nous sommes maintenant à un tel carrefour, le choix d'un nouveau supérieur de la Délégation - qu'il soit encore Polonais ou qu'il soit déjà Malgache - mais c'est justement une telle percée ou une transition qui est un défi pour chaque Oblat, Malgache ou Polonais, de ne pas s'écarter de cette ligne commencée il y a 40 ans, de sorte que ce qui s'est passé dans d'autres pays de mission – maintenant, nous Malgaches n'avons plus besoin des missionnaires polonais et de leurs manières de travailler. Nous devons nous respecter les uns les autres – être solidaire et avoir un respect mutuel. Et puis je pense que nous pourrions devenir une Province, mais comme je l'ai mentionné plus tôt, avec quelques arrangements avec la Province polonaise qui aideraient à survivre à cette période d'une telle cristallisation, la formation d'une nouvelle Province.
P.Henryk :
La dernière phrase avant d'aller à l'aéroport.
P.Marek :
Certainement, une grande gratitude à Dieu, Mère de Dieu, Saint Eugène pour ces 26 années de service sur l'Ile Rouge. Il y a eu des moments difficiles et agréables, mais ces moments difficiles sont vite oubliés par le missionnaire, les moments joyeux, les réussites, les joies et surtout les souvenirs des sacrements administrés par le missionnaire, la joie des vocations sacerdotales, des mariages et des ordinations de nos confrères malgaches restent. C'est beaucoup, beaucoup de cette joie.
Un message pour chacun d'entre nous qui a goûté à ce monde malgache ou qui est né ici, que nous soyons Oblats - malgaches ou polonais - mais soyons Oblats de Saint Eugène de Mazenod. Puissions-nous être Oblats avec toutes les priorités qu'il nous a laissées - (testament spirituel) - "Pratiquez bien parmi vous la charité, la charité, la charité et, au dehors, le zèle pour le salut des âmes". Ce n'est pas un slogan, c'est notre devise oblate avec laquelle nous devons vivre chaque jour.
Et je tiens à remercier sincèrement Dieu, tous mes confrères, tous ceux que j'ai rencontrés et connus à Madagascar, pour leurs soins et leur fraternité, car je viens de vivre beaucoup de cette fraternité et j'aimerais que cette fraternité continue et qu’il dure.
Ceci est mon message et je me souviendrai certainement de notre Délégation à Madagascar dans mes prières.