Pour la saison cyclonique 2022-2023, le Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) Cyclone de Météo-France a prévue une activité plutôt inférieure à la normale à l’échelle du bassin cyclonique du Sud-Ouest de l’océan Indien. Cette saison censée connaître au total entre 6 et 10 systèmes (tempêtes et cyclones), avec 3 à 5 d’entre eux atteignant le stade de cyclone tropical.

Généralement, la saison cyclonique s’organise en deux temps : la première (de novembre à janvier) où l’activité cyclonique va principalement rester loin des terres habitées avant de se développer dans un second temps (de janvier à avril) à proximité des terres habitées.

D’après les prévisions, Madagascar (aussi bien côtes Est que Ouest) et le Mozambique connaîtraient un risque d’impact plus important que la normale sans pour autant être exclu sur les Mascareignes.

Cheneso frappe Madagascar

Cheneso est le premier impact direct sur une terre habitée du Sud-ouest de l’océan indien pour cette saison cyclonique 2022/2023. Une fois de plus, c'est Madagascar qui en fait les frais, après une cauchemardesque saison 2021/2022 qui est encore dans tous les esprits.

Le 19 janvier 2023 à 09:52, la forte tempête tropicale Cheneso a directement impacté le Nord-Est de Madagascar. Le centre a touché terre à proximité de Sambava. Le phénomène va par la suite s'enfoncer à l’intérieur des terres et générer de fortes précipitations sur une large moitié Nord de la grande île. Fortes pluies et vents forts se sont fait ressentir. Selon les témoignages partagés sur la page Facebook du blog, il pleut abondamment à Sainte-Marie et à Maroantsetra. Du côté d'Antalaha les rafales sont de plus en plus en forte.

Le système a semé la mort à Madagascar où le nombre de victimes ne cesse de croître jour après jour. Selon le BNGRC, il est passé de 16 à 24 lors du dernier bilan diffusé vendredi soir. À ce stade, 21 personnes sont portées disparues. Par ailleurs, l’agence fait état de 73 377 sinistrés et 35 677 déplacées. En tout, Cheneso aura affecté 17 régions sur les 22 que compte l’île. C’est donc quasiment tout le territoire malgache qui aurait été impacté à des degrés divers par ce phénomène.

Une soixantaine d’écoles sont complètement détruites et une quarantaine sous les eaux. Les cours ont été suspendues dans plusieurs districts en raison des pluies incessantes pour préserver la sécurité des élèves.

Plus de 1 400 hectares de rizières sont inondés dans les régions d’Analamanga, Analanjirofo, Boeny et Sofia. Plus de 500 maisons d’habitations sont totalement détruites.

Le réseau routier est fortement perturbé avec un nombre considérable de routes coupées et de ponts endommagés. Pas moins de 9 routes nationales sont coupées ou partiellement coupées, des localités sont totalement isolées engendrant d’énormes difficultés pour se déplacer ou s’approvisionner. Sur la RN4, reliant Antananarivo à Mahajanga, un des axes majeurs du pays, des portions entières de bitumes ont été emportées par les eaux. La RN6 entre Port Bergé et Antsohihy a également été coupé suite à l’effondrement d’un pont.

Malgré une intensité relativement modeste, l’influence de Cheneso fut catastrophique sur la grande île. Cet impact majeur s’explique d’une part par la trajectoire du système qui l’a fait traverser lentement Madagascar du Nord-Est à l’Ouest. D’autre part, Cheneso est resté à proximité de l’île durant quasiment toute la semaine.

Entrée en terre le jeudi 19 janvier puis sortie en mer depuis le samedi 21 janvier, Cheneso a repris de la force. En pleine saison cyclonique, Madagascar vient d’être touchée par la première tempête tropicale depuis le début de l’année.

Une nuit cyclonique

L’œil de FREDDY(deuxième cyclone) a touché terre mardi soir vers 19:30 (loc) à proximité Nord de la ville de Mananjary. Selon les témoignages, même si l'impact fut violent, FREDDY aura été moins virulent que BATSIRAI l’année dernière. Cela peut s'expliquer par le fait que le cyclone a perdu en intensité avant de toucher terre. D'autre part, la vitesse de déplacement rapide et la taille concentrée du météore ont fait que la durée de la dégradation maximale fut courte, ce qui a réduit le potentiel destructeur de l'épisode FREDDY.

Autre point à signaler, la population déjà éprouvée il y a un an par BATSIRAI semble avoir retenue la leçon. Des mesures ont été prises avant l'arrivée du cyclone. Ainsi, les personnes vivant en bord de mer ont été préventivement évacuées dans des endroits sûrs. D'autre part, des sacs de sable ont été posés sur les toits des habitations par la population.

Le passage éclair de FREDDY sur la grande île n'aura pas été sans conséquence. Le dernier bilan du BNGRC fait état de 7 morts alors que plus de 78 000 personnes, représentant plus de 20 000 foyers ont été affectées par le cyclone.

Au total, 7 régions ont été concernées par le cyclone FREDDY et plus de 22 000 personnes ont été déplacées. Par ailleurs, le BNGRC précise que plus de 3000 maisons ont été inondées, plus de 9000 endommagées et plus de 1200 ont été entièrement détruites. 

P. Henryk Marciniak OMI
Supérieur d'OMIFILM - Fianarantsoa