Il y a eu un grand changement dans mon travail missionnaire. Après sept années comme Supérieur de la Délégation des Missionnaires Oblats à Madagascar, le 11 juin 2023, j'ai été nommé curé de la nouvelle paroisse Saint Eugène de Mazenod à la périphérie de la ville portuaire de Toamasina dans le centre- partie orientale de Madagascar. Dans mon parcours de travail missionnaire à Madagascar, c'est la troisième paroisse que j’ai créée.
Ma nouvelle paroisse, dédiée au Fondateur des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, Saint Eugène de Mazenod, a été officiellement fondée par l'Evêque du diocèse en 2020, mais depuis 2006, c'était déjà un lieu de prière, où un Prêtre Oblat faisait la navette d'abord le dimanche, puis chaque jour célébrait la Sainte Messe. Il y a 405 familles inscrites dans la paroisse, soit 3.210 chrétiens. 570 enfants apprennent le catéchisme chaque samedi. Chaque dimanche, après la première messe, une quarantaine d'adultes apprennent le catéchisme et se préparent au baptême.
Je travaille dans un quartier pauvre, d'environ 500 000 habitants. Cette partie de la ville fut autrefois la zone industrielle de la ville mais Il y a vingt-cinq ans, toutes les installations industrielles ont fait faillite et ont été abandonnées. C’est alors que les gens ont commencé à s’y installer et à construire des maisons faites de bambou et de tôle ondulée. Comme il y a encore des zones libres ici, de nombreuses personnes venues de différentes régions de Madagascar s'y installent à la recherche de travail et d'une vie meilleure. Malheureusement, les gens de brousse qui s'installent ici se découragent vite. Bien qu'ils arrivent dans la deuxième plus grande ville de Madagascar, ils ne trouvent pas de travail régulier leur assurant un salaire mensuel et des flux d'argent réguliers. Leur travail est généralement occasionnel : conducteurs de pousse-pousse pour transporter des personnes, ils transportent des matériaux de construction sur des charrettes poussées à la main, ils sont embauchés pour travailler dans de grands entrepôts du port, rechargeant des sacs de ciment sur leur dos. Il existe de nombreux petits vendeurs de vêtements usagés et de légumes dans la paroisse au marché du centre-ville. De nombreux paroissiens cultivent sur des petites parcelles de terre, élèvent des poules et des cochons, mais en petites quantités. Beaucoup travaillent comme gardiens de nuit. De nombreuses femmes gagnent leur vie en lavant à la main les vêtements des autres, ce qui leur rapporte un salaire de mendiant
Ma nouvelle paroisse, dédiée au fondateur des Oblats de Marie Immaculée, Saint Eugène de Mazenod, a été officiellement créée par l'évêque diocésain en 2020, mais avant cela, depuis 2006, elle était déjà un lieu de prière, avec un oblat qui faisait la navette d'abord le dimanche, puis tous les jours et qui célébrait la messe ici. La paroisse compte 405 familles inscrites, soit 3210 chrétiens. 570 enfants étudient le catéchisme tous les samedis. Chaque dimanche, après la première messe, une quarantaine d'adultes apprennent le catéchisme et se préparent au baptême.
En juin 2023, lorsque j'ai commencé à travailler comme curé, il n'y avait pas encore de Presbytère pour les prêtres travaillant ici. Le vicaire et moi nous nous sommes déplacés à la paroisse depuis l'autre bout de la ville, depuis la maison du prénoviciat oblat. Le trajet dure au moins 30 minutes le matin, et plus d'une heure le soir dans les embouteillages. Lorsqu'il pleut, le temps de trajet est encore plus long. Nous nous levions tous les jours à 04h00 du matin pour être à la paroisse à 05h30. En raison du climat chaud, la messe quotidienne est célébrée à 6h00 du matin.
La première construction que nous avons faite a été l'agrandissement de l'église en bois, trop petite pour les besoins de la paroisse. Chaque dimanche, un tiers des chrétiens étaient dehors de l'église. Nous avons ajouté une messe le dimanche, mais cela n'a pas beaucoup aidé.
L'église en bois a été agrandie de quatre mètres sur les côtés droit et gauche et de six mètres à l'arrière. Pour agrandir l’église, nous avons utilisé des planches en bois local résistant à toutes sortes d’insectes. Il s’agissait d’une solution provisoire, car il faudra encore attendre longtemps pour construire une église en dur, en raison des coûts très élevés.
Le deuxième travail urgent fut la construction d’une maison pour nous, pères oblats, qui travaillent ici. Moi et mon vicaire, le Père Arsène, avions envie de rester sur place car se déplacer quotidiennement d'un bout à l'autre de la ville avec beaucoup de bagages fut très pénible. C'était très fatiguant pour moi, compte tenu de mes sérieux problèmes de colonne vertébrale.
Nous avons commencé la construction du presbytère le 6 novembre 2023 et les travaux se sont achevés le 31 octobre 2024. Nous vivons dans la nouvelle maison depuis le 1er novembre. Merci à Dieu et à tous les donateurs, qui nous ont aidés financièrement dans la construction. Quel soulagement de vivre sur place, quel soulagement pour mon mal de dos !
Avec le vicaire, Père Arsène, tous les mercredis après-midi, nous rendons visite aux familles. Pendant ce temps, j'ai fait la connaissance de toute la paroisse et, avec le comité paroissial, nous avons décidé qu'après avoir terminé la construction du presbytère, la prochaine construction serait la construction d'une école catholique. Notre quartier est éloigné de la ville donc très loin des écoles catholiques. Sur place, il y a des petites écoles privées et/ou public mais les niveaux sont très bas en raison du sous-financement. Les écoles catholiques jouissent d’une très bonne réputation et sont ouvertes aux enfants de diverses confessions. Une école catholique est un lieu de prédication de la Bonne Nouvelle, elle rassemble les gens et c'est une perspective de coopération avec d'autres écoles extérieures à Madagascar.
Pour pouvoir construire l'école au mois de mars 2024, nous avons acheté deux terrains prêts à bâtir, grâce au don d’un bienfaiteur. Nous avons déjà la permission de l'évêque pour la construction d’une école mais il nous faudra au moins un an pour collecter des fonds à cet effet. En ce moment, nous attendons toujours le registre foncier et hypothécaire, un document officiel des autorités malgaches attestant que nous sommes les propriétaires légitimes de ce terrain. Il faut faire preuve de beaucoup de patience dans ces domaines.
Le quatrième chantier à réaliser sera la construction d'une église en dur. Nous serions ravis de démarrer cette construction dans cinq ans. Notre paroisse couvre un grand territoire, le nombre de personnes ne cesse de croître, il y a de nombreuses familles, c'est pourquoi nous souhaitons construire une grande église en brique.
Mais en ce moment, notre gros problème est le manque d’électricité dans le quartier où se trouve la paroisse. C'est très gênant car la nuit tombe à 18 heures à Madagascar. C'est comme ça toute l'année. Cela rend la vie quotidienne très difficile et entrave tout développement. A l'église, nous avons un générateur qui nécessite un bon entretien technique et qui coûte très cher à faire fonctionner. Heureusement, dans la nouvelle maison, nous avons installé un éclairage solaire.
En plus des travaux de construction indispensables, nous essayons d'aider les personnes les plus nécessiteuses, principalement les enfants issus de familles pauvres (familles ayant plusieurs enfants à charge, les enfants des parents chômeurs, les enfants abandonnés par leurs parents et élevés par leurs grand-mères/grand-père) grâce aux dons des familles polonaises et canadiennes. 40 enfants de la paroisse peuvent aller à l'école et apprendre. Ces enfants sont couverts par ce que l'on appelle l'adoption scolaire.
En plus de ce soutien éducatif aux enfants, nous menons depuis février de cette année un programme alimentaire pour les enfants les plus pauvres de la paroisse, en leur offrant le déjeuner tous les samedis. Chaque samedi, nous préparons un repas pour 140 enfants, et depuis le 23 novembre, ce groupe est passé à 160 enfants.
Nous déployons beaucoup d'efforts pour prendre soin des enfants et des jeunes de la paroisse, afin qu'ils se sentent en famille, qu’ils comprennent qu’il y a de gens qui les aident et qui se soucient de leur croissance humaine et spirituelle. Pendant les vacances scolaires, de nombreux enfants se rendent dans leurs villages natals pour visiter leurs familles, mais la plupart restent à la paroisse même. Pour ceux qui sont restés, nous avons organisé chaque samedi les « vacances avec Dieu » l’année dernière. Les participants étaient autour de 150 à 250 enfants. Voici le programme:
- le matin à 9h00 projection d'un film religieux
- suivi d'une conférence en lien avec le film
- le déjeuner à 12h00
- près le déjeuner, repos dans la cour paroissiale
- puis des jeux et du plaisir
- enfin, à 16h00, le goûter : gâteaux, biscuits.
Cette année, nous avons eu également un programme d'été pour les jeunes. Les jeunes animateurs l’ont animé et je suis heureux car cela va se dérouler toute l’année, pas seulement pendant les vacances:
- Cours d'anglais deux fois par semaine (environ 93 participants)
- Cours de couture deux fois par semaine (environ 70 participants)
- Cours de danse moderne deux fois par semaine (environ 50 participants).
Je suis très heureux que de nombreux jeunes soient attirés par la paroisse. Il y a beaucoup de jeunes dans notre quartier et tout le monde n’est pas « attiré » par la Sainte Messe. J'aimerais faire quelque chose pour eux.
Le Vendredi 20 septembre 2024, nous avons vécu un événement important dans notre paroisse. Le nonce apostolique de Madagascar, d’origine polonaise, Tomasz Grysa de Poznań, a visité notre paroisse et a béni deux édifices: Maison OMI, c'est notre presbytère, un petit monastère et cuisine avec cantine pour les enfants les plus pauvres de la paroisse.
Merci pour votre soutien financier. Actuellement, il est très difficile d’obtenir de l’argent pour construire un presbytère mais nous devons vivre quelque part. C'est très important car nous ne pouvons pas nous déplacer éternellement depuis l'autre côté de la ville. Trois Oblats travaillant dans la paroisse vivent désormais dans cette maison et quand l’école sera construite, nous allons recevoir deux autres Oblats.
Cuisine avec cantine pour les enfants les plus pauvres de la paroisse a été construit grâce à des donateurs italiens, de Sardaigne « Operazione Africa ». Le repas à partager par contre est financé par les Oblats de Pologne (Procure de Mission - Lumen Caritatis), la Procure de Mission des Oblats de la Province Assomption au Canada et les Amis des Missions Oblates qui coopèrent avec eux. Nous avons toujours 10 à 20 enfants de plus qui viennent à ce déjeuner et qui ne figurent pas sur la liste. Nous les acceptons car nous recevons aussi de l’aide financière de ma famille et de mes amis, des chrétiens de la Pologne, de France et de Canada.
La décision concernant de la visite du nonce dans ma paroisse a été prise seulement une semaine avant son arrivée à Toamasina pour la visite du diocèse. Ce n’était pas à l’ordre du jour au début. Cela s'est produit grâce à la suggestion du Cardinal, Évêque du Diocèse, Désiré Tsarahazana. Il a proposé au Nonce de visiter la paroisse de l'Oblat Polonais, le seul Polonais qui travaille actuellement dans tout le diocèse de Toamasina.
Cette soirée était très importante pour les gens du quartier. Nous n'avons pas d'électricité, de nombreux voleurs et bandits trouvent refuge dans notre quartier. On se sent souvent seuls ici, comme des gens de la deuxième catégorie mais cette visite fraternelle du Nonce et du Cardinal nous a renforcée.
Dans notre paroisse, il y a toujours deux quêtes pendant la messe, parfois trois. Cependant, sans aide des donateurs de l’extérieur, ces travaux importants ne seraient pas possibles. Ces travaux constructifs et pastoraux ont été réalisés grâce à votre soutien.
Aujourd'hui, avec joie et gratitude, je vous dis merci beaucoup ! Merci pour votre bonté et votre soutien. Je me souviens de vous et de vos familles dans mon chapelet quotidien et dans la messe dominicale offerte aux donateurs de notre paroisse.
Merci, que Dieu vous bénisse, meilleures salutations, avec mes prières.
P. Mariusz Kasperski OMI