Une grave sécheresse à Madagascar

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Secherese 01 FRMadagascar, la quatrième plus grande île du monde, possède un écosystème unique qui comprend des animaux et des plantes que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur la planète. Le pays connaît une saison sèche, généralement de mai à octobre, et une saison de pluies qui commence en novembre. Le changement climatique a perturbé ce cycle. Les impacts de ce changement climatique sont vraiment de plus en plus forts. Les récoltes échouent constamment, les gens n'ont rien à récolter et n'ont rien pour renouveler leurs stocks alimentaires. L'impact de la sécheresse varie d'un endroit à l'autre. Si certaines communautés n'ont pas connu de saison de pluies digne de ce nom depuis trois ans, la situation peut être encore pire à 100 kilomètres de là.

Secherese 02 FRCertes, les épisodes de famine ne sont pas nouveaux sur l’île. Mais le changement climatique et ses vagues de sécheresse les aggravent. Madagascar subit aussi les conséquences d’une déforestation massive. L’absence d’évapotranspiration des arbres limite les précipitations. Et sans forêts brise-vents, des tempêtes de sables sans précédent ensevelissent les champs et privent les habitants de leurs récoltes.

Dans le sud de Madagascar, la pire sécheresse du pays depuis quarante ans, aggravée par le changement climatique, cuit les cultures. En résulte le «kéré» qui signifie «être affamé» dans la langue des Antandroy, le peuple qui habite cette région). Depuis Mai 2020, la sécheresse pousse les Malgaches à se nourrir d’épluchures de légumes, de feuilles de cactus et même de cuir tanné bouilli. Dans certaines zones, les Malgaches peuvent encore planter quelque chose, mais ce n'est pas facile du tout. Alors ils essaient de faire pousser des patates douces.  Mais dans d'autres régions, absolument rien ne pousse en ce moment, et les gens ne survivent qu'en se nourrissant de criquets, de fruits et de feuilles de cactus.

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Ce qui était la normalité il y a quelques années s’est transformé en un lointain souvenir. «Notre champ donnait de bonnes récoltes. Nous cultivions du manioc et du maïs lorsqu’il pleuvait suffisamment. Nous avions de la nourriture en abondance. Maintenant nous n’avons plus rien. J’y pense tout le temps, jour et nuit, ça me rend malade», raconte Moraree.

Plus d'un million de personnes dans le sud de Madagascar ont des difficultés à manger à leur faim, en raison de ce qui pourrait devenir la première famine au monde causée par le changement climatique, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

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Aujourd’hui, l’organisation internationale évalue à près de 1,14 million le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire, sur les 27,2 millions d’habitants du pays. Dès juillet, à Amboasary, l’un des districts les plus au sud, environ 14 000 personnes étaient estimées au niveau maximal de la faim – le stade «catastrophe» lorsqu’il n’y a absolument plus rien à manger — sur une population d’environ 200 000, selon le PAM.  

La région a été durement touchée par des années successives de grave sécheresse, obligeant les familles des communautés rurales à prendre des mesures désespérées pour survivre. Ils ont déjà commencé à développer des mécanismes d'adaptation pour survivre. Et cela signifie qu'ils vendent du bétail, par exemple, pour obtenir de l'argent afin de pouvoir acheter de la nourriture et de l'eau, alors qu'auparavant, ils étaient capables de se procurer de la nourriture et de se nourrir à partir de leur propre production dans les champs, donc cela change vraiment la vie quotidienne des gens.Les biens de valeur comme les champs, ou même les maisons, sont également mis en vente. Certaines familles ont même retiré leurs enfants de l'école.

La période de soudure (sec) est présente chaque année mais en ce moment elle est particulièrement dure, elle couvre toute l’année. Avant, la pluie tombait pendant les mois de janvier, février et mars et permettait la culture des variétés de melons et de citrouilles.

Le manque d’eau et en particulier d’eau potable est chronique dans la région Sud, mais la faible pluviométrie et l’épuisement des nappes phréatiques renforcent désormais cette pénurie. Par conséquent, le nombre de cas de maladies hydriques telles que la diarrhée augmente fortement, notamment chez les jeunes enfants. Un risque de plus pour eux de tomber dans une forme sévère de la malnutrition.

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Une réponse à plus long terme pour permettre aux communautés locales d'être en mesure de mieux se préparer, répondre et se remettre des chocs climatiques. Cela inclut des projets de résilience tels que des projets d'eau. Beaucoup d'organisme international font des canaux d'irrigation, de la reforestation et même de la micro-assurance pour aider les petits exploitants agricoles à se remettre d'une récolte perdue, par exemple.

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Les régions du sud de Madagascar ont la plus faible couverture en eau du pays et subissent les impacts majeurs du changement climatique. L'augmentation de la fréquence et de l'intensité des sécheresses en est une conséquence importante. La cartographie et la détection précoce des sécheresses sont utiles pour prévenir ou atténuer les éventuelles pénuries d'eau et les famines. Grace à sa capacité à faire un suivi fiable des précipitations et la croissance de la végétation, l'imagerie par satellite permet de plus en plus de surveiller la sécheresse et de fournir des alertes rapides pour une meilleure planification. À l’heure actuelle, il n’existe pas à Madagascar de système national de surveillance de la sécheresse permettant d’estimer les risques et de fournir des informations aux parties prenantes, aux humanitaires, ainsi qu’aux décideurs afin de faciliter la préparation et les mesures d’atténuation de la sécheresse.

 

L’UNICEF, en collaboration avec le Centre de Recherche Commun de l’Union Européenne et le Ministère de l’Eau, de l’Hygiène et de l’Assainissement a développé un système de surveillance de la sécheresse pour le sud de Madagascar.Ce système de surveillance est basé sur des indicateurs de sécheresse (précipitations et anomalies de croissance de la végétation/NDVI) dérivés d’images satellites (CHIRPS et MODIS). De ces données satellitaires, les tendances historiques de la sécheresse sont déterminées à partir des moyennes long-termes. Ces tendances servent de base de référence (baseline) avec laquelle les conditions actuelles sont comparées au cours de l'année, permettant ainsi de différencier les niveaux de sévérité de la sécheresse. Un bulletin mensuel d'alerte à la sécheresse est publié et diffusé à toutes les parties prenantes à Madagascar.

Nous avons constaté aussi cette sècheresse à Fianarantsoa. Depuis 3 ans à partir de mois de septembre jusqu'au mois de janvier nous n'avons plus l'eau - tous est coupé. Nous cherchons l'eau dans la rivière éloignée de 20 km. L'eau n'est pas propre et le prix de transport nous a pesé beaucoup.

Dans notre Centre Audiovisuel OMIFILM, par exemple, nous avons eu un puits de 12 mètres. Malheureusement la nappe d'eau souterraine à diminuer - il n'y avait plus d'eau. Alors grâce aux aides de la Pologne, nous avons eu du change d'approfondir notre puits jusqu'à 30 mètres. Nous avons de l'eau propre, mais pour combien de temps ? Je remercie tous les gens (ma famille et mes amis de la Pologne et d'Allemagne), qui ont contribuéà ce projet.

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P. Henryk Marciniak OMI
Directeur d'OMIFILM - Fianarantsoa