La Délégation OMI de Madagascar donne annuellement une session de formation pour les jeunes prêtres, moins de cinq ans de sacerdoce. Cette année, la session s’est tenue à Antananarivo, du 31 octobre jusqu’au 4 novembre 2022 (13 participants). Les deux intervenants étaient le P. Alphonse OMI et le P. Lalaina Orthasie.
LA DOUCEUR DE DIEU ET AVEC DIEU
P. Alphonse RAKOTONDRAVELO OMI, supérieur de la Délégation, a animé la première journée dont la première demi-journée était consacrée à une recollection. Il a donné une instruction spirituelle suivie d’une réflexion personnelle sur la formation oblate. La formation est faite pour nous tous et pour toute notre vie (Constitution, 47), elle exige la conversion qui est un moyen pour convertir les autres. Il a abordé comme thème de cette Récollection/Instruction : « Heureux les doux car ils recevront la terre en héritage » (Mt 5, 3).
A l’occasion de la fête de tous les saints, il a expliqué que notre vie est pour Dieu et pour les autres, vie de communion avec Dieu et avec les autres ; amour de Dieu et amour des autres. L’homme heureux est l’homme qui demeure en Dieu et dans la maison de Dieu.
Il a développé le sens d’«être doux » et d’être « héritier de la terre » selon l’Ecriture Sainte. Être doux est une nature de Dieu. La docilité ne signifie ni faiblesse ni passivité. Elle ne signifie pas non plus la fuite dans les responsabilités. Être doux est une force, une fermeté, une justice, une vérité, une motivation, c’est être responsable. La douceur demande un changement, une amélioration et une transformation de notre vie, car elle est don de l’Esprit Saint ( Gal 5, 22).
Dans la deuxième partie, il a parlé de « cléricalisme et abus », les contraires de la douceur. Le cléricalisme, selon le Pape François, est une manière déviante de concevoir le clergé, une perversion dans l’Eglise ; c’est la domination, la rigidité et l’esprit de « se sentir supérieur ».
Les prêtres sont serviteurs (Mt 20, 20-28). Nous sommes appelés à servir le peuple de Dieu, les laïcs, les pauvres, nos confrères. Nous devons nous sentir comme peuple de Dieu.
Le cléricalisme et les abus de toute sorte sont mauvais, terribles. Il est donc important dans notre vie quotidienne d’instaurer le respect, l’écoute, le dialogue, la correction fraternelle, la collaboration ; oser dire la vérité, reconnaitre le bien, le juste ; indiquer et suivre les bons chemins.
NOTRE MONDE AUJOURD’HUI
« Soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence pour discerner la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait », dit St Paul (Rm 12,2)
L’après-midi a été consacré à regarder certaines réalités d’aujourd’hui par rapport à ce dont nous avons parlé le matin. Nous avons été conscientisés au discernement pour savoir choisir les valeurs oblates et le bien parmi toutes les propositions faciles et tentantes de notre monde et de la société aujourd’hui. Nous vivons dans une société de la mondialisation, dans un monde sans frontière dans tous les domaines : social, politique, culturel, économique, environnemental… Il y a des inconvénients et des avantages. Par le choix de notre vie, nous devons être capables de maitriser ce qui est à maitriser, et d’éviter ce qu’il faut éviter… La bonne option, c’est être témoin de l’amour de Dieu pour le salut des âmes.
P. Alphonse a spécialement soulevé 3 points : mass-médias/réseaux sociaux ; l’argent ; l’abus sexuel et l’abus sur mineur.
1- Les réseaux sociaux
Ils sont nécessaires pour la vie quotidienne et pour l’évangélisation mail il faut les maitriser. Ils peuvent faire vivre comme ils peuvent tuer le corps et l’âme, la communauté et la Congrégation.
2- L’argent
L’argent est à la fois nécessaire et dangereux. Il y a beaucoup de problèmes quand on a soif, quand on devient esclave de l’argent pour différentes raisons (…). L’argent est très souvent source de problème à la fois dans la vie personnelle que dans la vie communautaire. « Car l`amour de l`argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments » (1Tim 6, 10). Nous devons avoir la mentalité vraiment religieuse par rapport à l’argent : générosité, transparence… Le vœu de pauvreté ne doit pas rester un vain mot mais un vécu quotidien.
3- Abus, abus sexuel, abus sur mineur
L’abus se manifeste sous différentes formes. Abus de pouvoir, abus de conscience, abus de responsabilité, abus sexuel, abus sur mineur dans l’Eglise, dans une communauté, dans une famille, dans la société.
P. Alphonse a mis beaucoup l’accent sur le problème de l’abus sur mineurs qui frappe malheureusement et terriblement très fort l’humanité, y compris l’Eglise et les Congrégations religieuses. Il a expliqué la position ou les mesures que l’Eglise, ainsi que les Congrégations, doivent prendre face à un soupçon ou un fait… La Délégation a la politique de protection des mineurs. La seule solution c’est de vivre nos vœux, la prudence, la prévention.
En guise de conclusion, pour vivre harmonieusement, fidèlement notre vocation oblate, il faut faire un retour à la source, c’est-à-dire vivre notre charisme et avoir l’esprit de notre Fondateur, mettre en pratique nos Constitutions et Règles. Pour cela, nous devons parler et vivre la conversion et la communion…
« POUR UNE EGLISE SYNODALE : COMMUNION, PARTICIPATION, MISSION »
La conférence du P. HERIVONJILALAINA Orthasie Marcellin, recteur et professeur du Grand séminaire du diocèse de Toamasina s’est intitulée « Pour une Eglise synodale : communion, participation, mission » (16e assemblée générale du synode des Evêques, 2021 -2023).
D’abord, il a expliqué ce qu’est « l’Eglise ». Puis, il a souligné les trois éléments abordés durant le synode par rapport à la vie de prêtre aujourd’hui : la communion, la participation et la mission.
Les prêtres sont prêtres de, dans et pour l’Eglise synodale… L’Eglise synodale est lancée par le pape François. C’est une nouvelle appellation de l’Eglise qui n’élimine pas toutes les appellations existantes jusqu’ici.
La nature mystique et sacramentelle de l’Eglise : l’Eglise est mystère et sacrement de communion. L’Eglise est institution, charisme. Elle est peuple de Dieu, corps du Christ. L’Eglise est communion car c’est la famille de Dieu… L’Eglise synodale est une manière de vivre l’Eglise dans l’assemblée, la communion dans l’unité. L’Eglise synodale est une Eglise de l’écoute : synodalité dans l’écoute de la parole de Dieu, dans la célébration de l’eucharistie. Il y a coresponsabilité et fraternité dans la communion (communion dans la famille, dans les quartiers...). La synodalité est une manière de vivre dans la vie quotidienne.
La Synodalité de l’Eglise présente différentes dimensions : théologique, christologique et pneumatologique. Dans cette dimension, nous avons étudié les différentes structures et la hiérarchie dans l’Eglise, les éléments pour connaitre la volonté de Dieu et les éléments pour pouvoir écouter la voix de l’esprit Saint.
Pourquoi l’Eglise synodale ?
A cause de la réalité : Covid-19, la guerre, changement climatique, la migration, l’injustice, la corruption, la discrimination, le racisme, la violence…, mais surtout pour évangéliser davantage le monde d’aujourd’hui. La réalité dans l’Eglise : manque de foi, abus de pouvoir, cléricalisme, négligence des responsabilités… L’objectif : c’est l’Eglise synodale selon l’Evangile.
COMMUNION
La communion a des dimensions : théologique, christologique, spirituelle, pastorale. La communion est un don de Dieu. La Trinité est une communion. La Trinité veut communier avec nous. L’homme reçoit la communion. La communion de la Trinité est le modèle de notre communion. La communion s’exprime par la coresponsabilité avec les évêques, les spécialistes, les laïcs…
PARTICIPATION
Tous les baptisés sont concernés. On a besoin de répartition des responsabilités, de participation par le témoignage de vie, de participation des laïcs à la vie des religieux et à la vie du prêtre... Les problèmes et obstacles sont la pauvreté, l’analphabétisme, la discrimination, la jalousie, l’abus de pouvoir, le cléricalisme… L’homme participe à l’œuvre salvifique de Dieu. Il s’agit de pastorale dans son ensemble : planification, orientation, vérification (évaluation et rapport de travail), mouvements dans l’Eglise ; collaboration active des femmes ; formation initiale, permanente…
MISSION
La Trinité est modèle de notre mission. Il y a une synodalité ad-intra : synodalité avec l’Eglise et la synodalité ad-extra : avec les autres. Synodalité : avec la Trinité, avec les membres, avec les religions chrétiennes, les religions non chrétiennes, avec l’écologie... Synodalité avec la fonction d’enseigner, de sanctifier et de gouverner l’Eglise. « Faire le synode » signifie marcher sur la même route, marcher ensemble selon le Pape François.
L’IDENTITE DU PRETRE
Un prêtre est un homme de relation : relation avec l’Eglise, à savoir avec tout le peuple de Dieu, avec toute l’humanité, avec la maison commune. Le prêtre est avant tout enfant du Seigneur : baptisé, il jouit de la dignité du fils, membre et disciple du Christ, membre des chrétiens qui suivent le Christ. Le prêtre est demeure de l’Esprit Saint, consacré dans l’Esprit Saint, père spirituel.
La perspective mariale
Marie dans le mystère du Christ : la médiation de Marie dépend du Christ. Profil marial de l’Eglise : Marie vierge - Eglise vierge, c’est-à-dire qu’elle est garante de la chasteté de l’Eglise. En cela, l’Eglise est chaste. Rôle de Marie dans l’Eglise : elle est Mère de l’Eglise, Mère de Jésus.
Par sa vénération et sa dévotion envers Marie, le prêtre Oblat de Marie Immaculée reconnait la dignité de Marie, la sainteté de Marie, la coopération de Marie, sa mission dans le peuple de Dieu. Vivre avec Marie et par elle, recevoir intimement Jésus en nous pour pouvoir le donner aux autres comme Marie l’a donné avec amour.
P. Joseph Christian RAKOTONIAINA, OMI
P. José Marcellin RAKOTOARISOA, OMI